Annie GIRARDOT

Hommage de Frédéric Mitterrand, ministre de la Culture et de la Communication, à Annie Girardot

Paris, le 28 février 2011

J’apprends avec une très vive émotion la disparition d’Annie Girardot.

C’est un moment douloureux pour le cinéma qui perd l’une de ses grandes étoiles, mais aussi pour le public, avec qui elle entretenait une longue et chaleureuse complicité.

L’admirable combat qu’elle menait contre la maladie en continuant à jouer (tourné en Russie, le film « Les brasseurs d’affaires » marquait ses 50 ans de carrière), nous l’aura montrée fidèle jusqu’au bout à son amour du cinéma. Elle fut une immense comédienne, bien sûr, mais aussi une dame au grand coeur, une femme engagée et volontaire à tous les âges de sa vie et de sa carrière.

Inoubliable Nadia dans « Rocco et ses frères », l’un de ses plus grands rôles en 1960, bouleversante Gabrielle Russier dans « Mourir d’aimer », elle s’était dédiée, à sa manière franche et originale, tour à tour bouffonne et dramatique, à la cause du féminisme : « La proie pour l’ombre » d’Alexandre Astruc, « Vivre pour vivre » de Lelouch, « Elle cause plus, elle flingue » d’Audiard, et tant d’autres comédies devenues des morceaux d’anthologie. Annie Girardot incarnait un type d’héroïne moderne, fonceuse et frondeuse, qui séduisait autant qu’elle fascinait.

Assez osée pour rechercher les métiers et les rôles les plus durs – chauffeur de taxi, médecin, commissaire de police – elle touchait encore à la parfaite vérité du jeu d’actrice en mère abusive dans « La Pianiste » de Michael Haneke en 2001. Avec sa gouaille généreuse, sa simplicité communicative et sa voix si caractéristique, elle était une actrice extraordinairement populaire.

Trois Césars, plus de 150 films, un rôle fétiche interprété au théâtre pendant près de trente ans, « Madame Marguerite » : la grande carrière d’Annie Girardot est semée de lauriers, de bonheurs mais aussi de moments de fragilité et d’émotion. Sa déclaration d’amour au cinéma, lors de la cérémonie des Césars en 2006, l’ovation dont elle fut suivie, resteront une manifestation inoubliable de son extraordinaire et généreux charisme. Elle a brûlé les planches comme elle a brûlé la vie : avec l’humanité et la profondeur dramatique qui plaisaient tant au public.

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