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Le 5éme Congrès francophone s’est terminé sur la  piste de l’apprivoisement de l’allergène. Des données très rassurantes…

Aujourd’hui, l’allergie alimentaire  concerne environ 2 millions de français.

L’ Allergie alimentaire

L’allergie alimentaire se caractérise par des réactions de défense exagérées qui se produisent à la suite de l’ingestion d’un aliment ou d’un additif alimentaire considéré nuisible par le corps.

Contrairement à l’intolérance ou à l’intoxication alimentaires, elle implique des réactions du système immunitaire. En effet, l’organisme réagit très fortement à l’allergène en cause en mettant en branle une suite de mécanismes de défense.

Par définition, une allergie alimentaire survient en réaction à une protéine qui peut être présente dans les arachides, le lait de vache, le poisson, etc. Il est donc impossible d’être allergique à un sucre ou à un gras, même si l’on peut très bien avoir une intolérance au lactose, un type de sucre naturellement présent dans le lait. Aussi, dans le cas de l’allergie, une très petite quantité de l’aliment peut provoquer des symptômes.

Il n’existe pas de traitement curatif contre les allergies alimentaires. L’unique solution consiste à bannir la consommation des aliments allergènes.

Les symptômes d’allergie peuvent être légers, par exemple des picotements sur les lèvres, ou très graves et potentiellement mortels, comme une difficulté à respirer, une perte de conscience ou de l’arythmie dans le cas d’un choc anaphylactique.
En France, de 50 à 80 personnes meurent chaque année d’un tel choc.

Nouveau:  Un processus de tolérance

En dehors de quelques protocoles d’induction de tolérance développés ici ou là- dans des services d’allergologie, l’éviction totale de l’allergène incriminé restait la règle face à une allergie alimentaire.

Une solution qui affectait la qualité de la vie familiale en raison  d’un risque accru de prendre en aversion  l’aliment concerné et, surtout,  avec le risque de l’abaissement du seuil réactogène et une réponse beaucoup plus grave lors de l’introduction accidentelle de l’aliment désigné.

Aujourd’hui, les évolutions dans la prise en charge des allergies alimentaires nous permettent de dire que supprimer complètement l’aliment incriminé n’est peut être pas la solution idéale.

Mieux vaudrait, semble-t-il tabler sur un apprivoisement de l’allergène, à l’image des protocoles d’inductions de tolérance déjà expérimentés avec succès par quelques équipes hospitalières.

Selon le Docteur Marie-Christine Castelain, chef du service d’allergologie à l’hôpital Saint-Vincent de Paul de Lille « En dépit des précautions parentales et d’un étiquetage plus précis  surtout pour quatorze des allergènes alimentaires à déclaration obligatoire, nul enfant, pour le lait ou l’arachide notamment, n’est à l’abri d’une exposition accidentelle, aux conséquences d’autant plus brutales que l’éviction a été plus complète »,

Ces constatations qui ont poussé ce service lillois à élaborer et expérimenter un protocole d’induction de tolérance orale visant à augmenter le seuil réactogène en administrant de façon régulière, des doses croissantes de l’aliment allergisant.

La réaction allergique

Chez une personne allergique, le système immunitaire ne réagit pas contre toutes les composantes d’un aliment, mais seulement contre une ou quelques substances. L’organisme agit comme si ces substances étaient dangereuses pour lui, et tente alors de les éliminer. Pour y parvenir, le système immunitaire, par l’intermédiaire des anticorps (les immunoglobulines ou Ig), commande la libération de plusieurs substances défensives pro-inflammatoires : de l’histamine, des prostaglandines et des leucotriènes. Les effets de ces substances sur le corps sont multiples : des démangeaisons, des rougeurs sur la peau, une sécrétion de mucus, etc.

En théorie, les symptômes d’allergie apparaissent au moment du deuxième contact avec l’aliment. Au premier contact avec l’aliment allergène, le corps, plus spécifiquement le système immunitaire, se « sensibilise ». Au prochain contact, il sera fin prêt à réagir. L’allergie se développe donc en deux étapes.

L’arachide via la Cacahuète sur prescription 

« Sur la base des observations que nous avons faites depuis 5 ans environ où nous réintroduisons l’arachide dans l’assiette des enfants allergiques avec des aliments de la « vraie vie », à des doses fonction de leur seuil de réactivité aux tests de provocation nous avons soumis un protocole ad hoc, en attente de validation, indique le Dr Castelain.

« A ces enfants, nous proposons des doses croissantes de cacahuètes sur une journée, à l’hôpital, bien sûr, pour déterminer leur seuil de réactivité »

« Puis, nous les  traitons, à tant de mg de cacahuètes par jour, et après 6 mois de ce  régime  nous les soumettons à nouveau à un test de provocation pour juger de l’amélioration du seuil… » 

« Une amélioration est retrouvée dans 97% des cas, avec un doublement du seuil rectogène pour 78% des enfants ainsi à l’abri d’accident à l’issue fatale… »

Toujours selon le docteur Castelain, « des expériences similaires ont été tentées pour les allergies au lait.

Un aliment  à l’origine de deux types de manifestations, d’une part, l’ intolérance au lactose, et d’autre part, l’allergie aux protéines du lait de vache (APLV) prés de 3% de nourrissons en souffrent, dont l’âge de guérison naturelle est variable.

Les APLV persistantes sont habituellement  à risque d’anaphylaxie sévère.
Moins de 9 % de ces enfants là sont guéris à 2 ans (Le traitement repose classiquement sur l’éviction des produits lactés.)

Une étude est en cours à l’hôpital Saint-Vincent –de- Paul  chez l’enfant de plus de 5 ans présentant une APLV persistante pour évaluer les effets d’une induction de tolérance, avec de petites doses croissantes de lait sous la langue.

Les résultats préliminaires sont, là encore, encourageants.

Des travaux qui suggèrent une introduction progressive de certains allergènes alimentaires dans le cadre de protocoles hospitaliers qui pourrait remplacer avantageusement l’éviction stricte.

Cependant, ces protocoles, impliquent l’acceptation de nouveaux modes de traitement, alors que l’enfant est dans l’éviction depuis des années, et imposent de poursuivre régulièrement une dose de tolérance au retour à la maison.

Des protocoles qui peuvent être considérés comme des contraintes, d’où l’importance d’un accompagnement rigoureux.

A la clé, un succès entièrement attribuable à cette méthode d’apprivoisement.

D’après une enquête de Presse Alpes Maritimes.