De Courbet à Hartung en passant par Cézanne, Monet, Pissarro, Nicolas de Staël, Sérusier, Signac, Bonnard, Masson, Léger ou encore Bergman et puis Penone, une cinquantaine d’œuvres s’expose de juillet à octobre 2015 au musée Courbet à Ornans.

À partir du milieu du XIXe siècle, la représentation artistique de la nature connaît l’une des plus grandes révolutions esthétiques.
Alors que les codes établis privilégient une vision idéalisée ou une copie fidèle, des artistes vont choisir une approche plus sensitive
et personnelle pour parvenir à faire ressentir la nature à travers la peinture et non simplement la montrer.

Intuitive, subjective, émotive, la Sensation de nature devient alors un terrain d’étude plastique de première importance.

De Courbet à Penone, cette exposition se propose de faire entrer en résonance figuration et abstraction… par le rapprochement de sensations artistiques propres à chaque artiste et à chaque époque.

La nature : une palette de sensations !

Bien que trop souvent et trop exclusivement qualifié de maître du réalisme, Gustave Courbet fut en fait un pionnier dans l’art de peindre la nature à partir de ses sensations. Par l’utilisation de pâte épaisse, voire de substance terreuse, il rend presque physique la matérialité de son sol natal.

Inspirés par cet exemple, entre 1861 et 1885, Cézanne et Pissarro qui travaillent ensemble, poussent encore plus loin l’expérimentation du rendu sensoriel et ouvrent la voie à la modernité.

Pierre Bonnard est une figure marquante de cette modernité. Sa personnalité s’est façonnée entre la fin de l’impressionnisme, si riche en impressions nouvelles, et le mouvement nabi pour qui la peinture doit être une transposition de la nature, « l’équivalent passionné d’une sensation reçue » (Maurice Denis).

Plus tard, Nicolas de Staël pénètre le réel de la nature jusqu’à le réduire à une ébauche abstraite. Son travail n’est pas seulement pictural, mais aussi philosophique et imprégné d’existentialisme, et le conduit à des tableaux animés par un extraordinaire pouvoir de génération lumineuse.

Figures incontournables de l’art moderne, Hans Hartung et Anna-Eva Bergman ont choisi l’abstraction comme expression sensorielle de la nature. Dans les années 1970, parmi ses innombrables expérimentations plastiques, Hans Hartung utilise d’immenses balais de genêts qui poussent auprès de son atelier pour produire des œuvres où la sensation physique est proche du sublime romantique. Anna-Eva Bergman confiait vouloir faire ressentir «derrière la frontière horizontale», «une expérience pure de la nature». En utilisant notamment la feuille de métal, elle parvient à traduire des sensations de transparence et d’infini.

Aujourd’hui, l’italien Giuseppe Penone, sculpteur des veines de marbre mais aussi des odorantes feuilles de lauriers, dans une démarche très intime, offre au travers de son intuition créatrice, son individualité d’artiste et son universalité d’être humain pour rendre plus étroite la relation de l’homme avec la nature.

Acteur éminent de l’Arte Povera, il développe une œuvre qui est un appel à l’ensemble des sensations humaines.

Le mot de Christine Bouquin, Présidente du Département du Doubs

Quatre ans après son ouverture, le musée Courbet poursuit sa politique de découverte du peintre, bien sûr, mais aussi de mise en perspective de son œuvre.

Pour l’été 2015, c’est autour de la notion de perception de la nature, si chère à l’artiste, que le musée propose un cheminement au cœur des « sensations » des grandes figures de l’art du XIXe à aujourd’hui : Cézanne, Pissarro, Monet ,Sisley, Signac, Sérusier, Bonnard, Masson, Léger, Nicolas de Staël, Hartung, Bergman et enfin Penone.

Chacun à sa manière, depuis les audaces de Courbet, a su créer une vision nouvelle et personnelle du monde et de la nature. Tous sont admirablement talentueux et inventifs.

Pour pouvoir les admirer ici, il fallait les amitiés que le musée Courbet a nouées, en particulier avec la Fondation Hartung-Bergman d’Antibes qui a proposé cette belle réflexion artistique et mis à disposition ses prestigieuses collections. Que son Président Daniel Malingre et son Directeur Thomas Schlesser en soient vivement remerciés.

Le partenariat avec le Musée d’Orsay prouve à cette occasion encore, sa richesse ; ainsi ce sont six toiles magnifiques qui nous sont prêtées pour cette exposition.

Les grandes collections étrangères publiques et privées ont aussi répondu à nos demandes de Genève, Milan, Londres, Cambridge, Madrid.

Mais je n’oublie pas non plus les nombreuses institutions muséales françaises, les musées d’Amiens, de Dijon, de Belfort, de Meudon, de Montpellier, de Toulouse, d’Albi, du Cannet, d’Antibes, et du Havre.

À tous, je dis ma gratitude et adresse mes remerciements.

Christine Bouquin, Présidente du Département du Doubs

INFOS PRATIQUES :

ouverture tous les jours, sauf le mardi, de 10h à 18h

Tél. 03 81 86 22 88

Tarif du musée pendant l’exposition :

8 € (exposition permanente et temporaire)

Gratuit le 1er dimanche de chaque mois

www2.doubs.fr