Harold RADIN

En réfléchissant à la participation des États-Unis à la guerre du Vietnam, je préférerais ne pas me concentrer sur le début et la fin de la guerre, la lutte contre le communisme, le rôle du colonialisme, et les victimes de la guerre, c’est-à-dire sur la mort de millions de personnes. Sans aucun doute, ce sont des domaines pertinents, pour des raisons historiques et humanitaires. Malgré la popularité de la position pacifiste, les États-Unis avaient des raisons valables de participer à la guerre. Même près de 50 ans plus tard, les circonstances sont complexes et discutables.

Mais au lieu d’une chronique complète des faits historiques de la guerre, je voudrais discuter du sentiment ici à San Francisco près de la fin de la guerre et juste après qu’elle a cessé. Je crois que le sentiment qu’on a pu observer, a commencé ici et s’est diffusé à travers les États-Unis. Cela a marqué un changement de paradigme dans l’identité américaine et un changement de la définition du patriotisme américain.

Premièrement, je suis le plus jeune des deux enfants dans ma famille. Quand j’avais quatre ans, mon frère en avait vingt-et-un. C’était mon héros. Pour moi, enfant de 4 ans, il représentait, un mec barbu et aimable et une personne stable et rationnelle. J’aimais mes parents également ; ce sont mes proches ! Mais ils avaient l’air moins raisonnable du point de vue d’un enfant de 4 ans. Néanmoins, je pouvais sentir qu’ils ne voulaient pas que mon frère aille à la guerre. Ce n’était pas une réponse de protestation. Contrairement à mon frère, ils ne partageaient pas la philosophie du pacifisme. Mais simplement ils ne voulaient pas qu’il risque sa vie. Ce n’était pas explicite. Mais étant enfant de quatre ans, c’était mon impression. Pour moi, tout semblait un peu incohérent parce que mon père était un vétéran de la Seconde Guerre Mondiale. Il était soldat dans l’armée américaine. En plus mes parents avaient échappé au régime nazi de l’Allemagne. Malgré ces faits, Il n’y avait pas de discussion concernant la différence entre cette guerre et la Seconde Guerre mondiale, les sacrifices que mes parents ont fait pour mon frère et moi, ou l’importance de la puissance des États-Unis par rapport au reste du monde. Tout simplement, ils ne voulaient pas que mon frère disparaisse. C’est tout. Et pour moi, cela semblait être la nouvelle façon de vivre américaine: surtout protéger sa famille.

Dans les rues de San Francisco, les choses étaient bien plus idéologiques. C’était possible d’observer les enfants-fleurs, les anciens combattants qui étaient récemment revenus du Vietnam, parfois paralysés, les manifestants pour les droits civiques, et bien sûr les hippies. Il y avait une réelle montée du pacifisme. C’était répandu. Mais ironiquement pour moi, les protestations de paix semblaient agressives. J’ai été très surpris quand ma mère m’a expliqué que les hippies professaient leur amour pour la paix. En tout cas, le sentiment collectif : nous avons fait une grosse erreur, le Vietnam était au centre de nos problèmes, et les choses ne seraient jamais les mêmes.

Maintenant en tant qu’adulte, je suppose que le changement des attitudes sociales que j’observe qui a commencé à la fin guerre du Vietnam, c’est une société américaine qui est beaucoup plus détendue. Nous nous interrogeons plus communément sur les actions du gouvernement. Le relativisme est généralement présent dans les débats. Bien sûr, le service militaire obligatoire est obsolète. Nous sommes la génération du moi-je. Je peux penser que les Etats-Unis avaient des raisons valables pour aller à la guerre, mais je ne peux pas imaginer qu’on y participe.

Je ne suis pas un pacifiste non plus, juste de la génération suivante. Par rapport à ce dont je me souviens, la vie est belle. En pensant à cela, je me sens heureux et gâté au point que, We Shall Overcome, est juste un hymne. L’ancienne façon de présenter les héros (les capitalistes libres) et les vilains (les communistes) a disparu. Nous sommes plus passionnés par la prochaine version de l’iPhone. Nous allons prendre de superbes photos quand nous visiterons le Vietnam l’été prochain.

Par Harold Radin avec le conseil de son professeur de français Jean-Pierre Bijouard