« C’est une étrange entreprise que celle de faire rire les honnêtes gens », selon Molière.

Cette réflexion aurait pu inspirer – car il convient de prendre le rire au sérieux – la 4e édition du Goût des autres, le festival havrais de l’altérité dans la littérature, dans toutes les littératures et dans toutes les formes d’écriture.

Prendre le rire pour thème est un peu un défi pour un festival littéraire : à l’inverse de la création ou de l’écriture, qui exige un effort, une discipline et un travail de mise en forme, le rire est relâchement, immédiateté et spontanéité. On sait aussi qu’il se passe aisément de mots et est souvent provoqué par des situations, des gestes, des grimaces ou des mimiques.

La contradiction n’est qu’apparente. Le comique en littérature est aussi ancien que la littérature elle-même ; et il était naturel que ce festival, dont la vocation est de faire découvrir l’étrangeté et la diversité, en vînt un jour à rencontrer le rire, ce langage universel qui se joue des frontières et des langues.

Ce faisant, Le goût des autres reste fidèle à sa vocation : s’inscrire dans le cadre de la politique menée par la Ville du Havre en faveur du développement de la lecture et à son esprit : faire cohabiter, se rencontrer et dialoguer les évènements les plus variés et les modes de création les plus différents.

Pour cette 4e édition du festival Le goût des autres, 40 rendez-vous sont organisés en 4 jours pour échanger, se divertir, ou simplement écouter des textes.

4 jours de lectures publiques, de spectacles, de rencontres avec des auteurs, des scénaristes, des illustrateurs, des comédiens, des musiciens et des chanteurs.

4 jours pour redécouvrir la beauté ou la force des textes et combien l’humour peut être une arme de résistance et un espace de liberté.

4 jours pour rire de tout et de rien, pour rire des autres, bien sûr, et de soi-même, certainement.

4 jours auxquels je suis très heureux de vous convier, au Havre, du 22 au 25 janvier 2015 !

Edouard PHILIPPE

Maire du Havre

Député de la Seine-Maritime

Du rire en littérature et au cinéma : du texte à l’image

• Pour sa 4e édition, Le goût des autres tentera d’interroger le rire sous toutes ses écritures ouvrant la boîte de Pandore de ses multiples interrogations : le rire a-t-il un territoire ? Un genre ? Une couleur ? Un sens politique ? Une classe sociale ? Une forme ?

• En littérature comme dans le cinéma, le rire, la comédie sont des éléments fondateurs… Comment montrer, signifier, susciter le rire ? Les mécanismes sont-ils les mêmes selon les domaines ? Quelles lectures peut-on faire de sa représentation au cinéma et en littérature…

• Le rire garde tout son mystère. Il est tour à tour agressif, moqueur, sarcastique, amical, sardonique, angélique… prenant les formes de l’ironie, de l’humour, du burlesque, du carnavalesque, du grotesque… Expression de joie pure, du triomphe mauvais, d’orgueil ou de sympathie… une chose est sûre, le rire fait vivre.

• Le festival Le goût des autres multiplie ainsi les formats pour faire vivre les mots, associant tous les genres littéraires aux nombreuses formes de spectacle vivant.

En ce début d’année, du 22 au 25 janvier 2015, le festival littéraire Le goût des autres vous invite à célébrer les mots sur le thème du rire et des littératures de l’humour.

L’invité d’honneur de cette 4e édition sera un écrivain à l’humour caustique et so british : Jonathan COE.

Célèbre auteur d’origine anglaise, Jonathan Coe voit sa notoriété dépasser les frontières de la GrandeBretagne grâce à son quatrième roman, Testament à l’anglaise, brillante et hilarante satire de la société britannique des années du thatchérisme, qui lui a valu le prix du Meilleur livre étranger en 1996.

Jonathan Coe a également reçu le prix du Meilleur roman de la Writers’ Guild of Great Britain en 1997 et le prix Médicis étranger en 1998 pour La Maison du sommeil.

Un succès confirmé par ses romans ultérieurs, notamment le diptyque composé de Bienvenue au club (2001) et du Cercle fermé (2004), qui ont entériné l’image d’un écrivain attaché à dépeindre son époque, avec réalisme, perspicacité et humour.

Avec son dernier roman Expo 58, il signe un cocasse récit d’espionnage le menant du Ministère de l’Information britannique à l’Exposition universelle en Belgique. Un roman « carnavalesque » d’après son auteur !

Ambition et parti pris du festival

Depuis quatre ans, le festival Le goût des autres porté par la Ville du Havre s’est imposé comme un événement singulier dans le paysage littéraire français. Le projet artistique repose sur une idée originale : mettre à l’honneur une thématique à travers la réunion d’auteurs et d’artistes de toutes disciplines artistiques confondues pour favoriser la croisée des genres et proposer au public des rendez-vous uniques. Le goût des autres réunit sur les scènes des deux Magic Mirrors des écrivains, des comédiens, des musiciens, des illustrateurs, des danseurs, des plasticiens, des cinéastes proposant des formats variés et inattendus, explorant les infimes frontières entres les arts, pour révéler la littérature sous un jour plus inédit et en live !

Pendant quatre jours, le festival accueillera 70 invités, autour de rendez-vous jeune public, de tables rondes, de rencontres, de grandes lectures, de concerts littéraires, de concerts tout court, de sieste acoustique, d’une pool party, d’une dictée et d’autres surprises !

Plus d’un siècle après Henri Bergson, Le goût des autres tentera d’explorer les littératures du rire et de l’humour, en explorant le champ de l’adaptation littéraire au cinéma.

De la littérature jeunesse au polar, de la BD à la caricature de presse, du one man show à la musique électronique et au rap, Le goût des autres 2015 racontera de manière unique une histoire des mots comiques depuis Pierre Desproges jusqu’aux tweets d’Oxmo Puccino.

Le goût des autres festival des littératures, Le Havre :

4  jours pour faire résonner les mots

40 rendez-vous pour écouter, regarder, jouer, danser, échanger, manger, déguster et se faire bercer par les textes…

70 AUTEURS, CONTEURS, SCÉNARISTES, SCIENTIFIQUES, ILLUSTRATEURS, COMÉDIENS, MUSICIENS, CHANTEURS … pour lire, déclamer, chanter, proclamer, faire vibrer le sens du verbe….

DEUX LIEUX ENCHANTEURS, LES MAGIC MIRRORS :

À mi-chemin entre un cirque et un théâtre, ces lieux hybrides, chaleureux, drapés de velours rouge et tout en bois, assurent une ambiance insolite et cosy !

Édito

François Rollin est humoriste, auteur, acteur et scénariste. D’abord journaliste au Monde, puis chroniqueur dans les revues Vu de gauche et Fluide glacial, il acquiert une véritable notoriété grâce à la série télévisée Palace. Il y participera avec une bande de « farfelus » composée d’auteurs de bandes dessinées, de personnalités du théâtre et de la télévision, des comédiens : c’est la naissance du Professeur Rollin, celui qu’il ne le quittera jamais ! Touche à tout, il participe également aux scénarios des Guignols de l’info. On lui doit notamment la fameuse boîte à coucou de Johnny ! Chroniqueur sur France Inter, on peut écouter son billet d’humeur le mardi dans Le 7/9 de Patrick Cohen.

Dominique Blanc une grande comédienne que l’on ne présente plus ! Quatre Césars jalonnent sa carrière : trois du Meilleur second rôle, en 1991, 1993 et 1999 respectivement pour Milou en mai de Louis Malle, Indochine de Régis Wargnier et Ceux qui m’aiment prendront le train de Patrice Chéreau, puis celui de la Meilleure actrice en 2001, pour Stand-by de Roch Stéphanik. Elle est aussi lauréate de deux Molières de la meilleure comédienne et d’un prix d’interprétation à Venise, remporté en 2008 pour son interprétation dans L’Autre. Elle prête également sa voix à la lecture de grands textes de la littérature.

• Des écrivains, comédiens, illustrateurs, musiciens, chanteurs, cinéastes tels Charles Berberian, Dominique Blanc, Cascadeur, Clémentine Célarié, Charb, Jean-Loup Chiflet, Cinq Papous dans la tête (Françoise Treussard, Serge Joncour, Gérard Mordilla, Lucas Fournier et Dominique Muller), Jean-Claude Denis, Marie Desplechin, Jean-Claude Dreyfus, Eric Fottorino, Jean-Louis Fournier, Gauz, Redouanne Harjane, Maylis de Kerangal, Nadine Monfils, Raphaële Moussafir, Oxmo Puccino, François Rollin, Gilles Vervish, Arnaud Viviant, Michel Vuillermoz, ou encore plus insolite, Greg Boust… ont déjà dit OUI !

Maylis de Kerangal Auteur d’origine havraise, son premier roman, Je marche sous un ciel de traîne, paraît en 2000 suivi en 2003 par La Vie voyageuse, puis par Ni fleurs, ni couronnes en 2006, Dans les rapides en 2007 et Corniche Kennedy en 2008.

En 2010, elle reçoit le prix Médicis pour Naissance d’un pont. En 2014, elle est la première lauréate du Roman des étudiants France Culture-Télérama (ancien Prix France Culture-Télérama) pour Réparer les vivants qui a été aussi couronné par le Grand prix RTL-Lire et par le Prix des lecteurs de l’Express-BFM TV

Charles Berberian Né à Bagdad (Irak), Charles Berberian passe sa jeunesse au Liban puis entame des études d’art à l’École nationale supérieure des beaux-arts de Paris où il fait connaissance de François Avril. En 1983, c’est la rencontre avec Philippe Dupuy et le début d’une collaboration toujours vivante autour de la bande dessinée et de Monsieur Jean ! Ensemble, sous le nom de Dupuy-Berberian, ils publieront plus de 25 albums et de nombreux travaux d’illustration.

40 pour tous les goûts

Soyons sérieux ? Les débats du festival

Un grand débat et deux tables rondes avec les personnalités littéraires et universitaires qui interrogeront le rire sous toutes ses écritures :

LA CARICATURE POUR DIRE LE MONDE

• Table ronde animée par Sylvain Bourmeau, journaliste. Avec Charb, directeur de publication de Charlie Hebdo et caricaturiste,

Eric Fottorino, journaliste et écrivain, Nicolas Vadot, Vice-Président de Cartooning for peace et caricaturiste, Yacine Ait Kaci dit Yak, dessinateur transmédia. Le regard satirique et humoristique du caricaturiste et du dessinateur sur ses contemporains est-il vraiment prescripteur d’opinion(s) ? Dire par le trait et le dessin, est-ce juste pour rire, ou est-ce véritablement une arme pour dénoncer le monde, ses abus, ses inégalités ? Faire rire dans ce cas, est-ce faire mal ? Faire rire, est-ce prendre le risque de ne plus parler ?… La caricature dessine le monde pour mieux le dire.

Eric Fottorino est journaliste et écrivain. Après avoir été grand reporter au quotidien Le Monde, en être devenu rédacteur en chef puis directeur, il est nommé président du directoire du groupe La Vie-Le Monde en janvier 2008. En avril 2014, il lance, avec Laurent Greilsamer, un nouvel hebdomadaire d’actualité au format resserré et innovant, le 1. Le journal ne traite qu’un seul grand thème d’actualité à travers les regards d’écrivains, chercheurs ou artistes.

Yacine Ait Kaci est un pionnier des arts numériques en France et un auteur transmédia aux multiples facettes. Tour à tour dessinateur de presse, animateur, réalisateur de contenus interactifs, scénographe, artiste… il est le co-fondateur et associé depuis d’Electronic Shadow, pionnier reconnu dans les arts de l’ère numérique et inventeur du « Video Mapping ». Yacine Ait Kaci, développe un univers esthétique et conceptuel empreint de science, de poésie et d’humour. En 2011, il crée Elyx : un personnage dessiné au feutre noir sur un carnet, mis en situation dans un décor réel, pris en photo et posté sur les réseaux sociaux. De fil en aiguille, une multitude de projets voient le jour : d’une intervention en milieu scolaire à la communication des Nations unies, en passant par l’organisation d’« Elyx parties ».

LE RIRE POUR RÉSISTER AU MONDE

• Table ronde animée par Sylvain Bourmeau, journaliste avec Gauz, écrivain, Andrei Kourkov, écrivain, JeanMichel Ribes, auteur dramatique, metteur en scène et cinéaste et Gilles Vervisch, philosophe.

Lecture par Dominique Blanc et Dominique Reymond, comédiennes.

Rire pour ne pas périr ? Rire pour éviter l’humiliation, la mort sociale voire même physique, l’horreur d’une dictature politique, d’une forme nouvelle d’esclavage…

Rire pour exister au monde, pour se moquer et éviter l’abus de pouvoir, pour montrer qu’on n’est pas dupe, pour se moquer de son identité… Rire pour ne pas périr : est-ce possible ?

Sur un même plateau le créateur du Pingouin qui raconte de son balcon la nouvelle histoire de son pays s’inscrivant sous ses yeux place du Maïdan ; l’écrivain qui a fait de Debout payé un cri plein d’humour pour mieux dire l’accueil des africains en France ; le philosophe qui s’interroge de la possibilité de rire de tout ; et celui qui a fait Du rire de résistance son « cri » de vie artistique !

RIRE ET POLITIQUE : UN DRÔLE DE COUPLE ?

• Grand débat animé par Arnaud Viviant, rédacteur en chef de la revue Charles, avec Jean-Loup Chiflet, écrivain, Edouard Philippe, Maire du Havre, Laurent Martin, historien, Audrey Vernon, comédienne.

Pourquoi une telle question ? Qui’y a-t-il de si étrange dans le rire, de si mauvais, ou de si dangereux, pour qu’on lui oppose le bon goût, la moral, la loi, et à présent la politique ? Parce que le rire est une expression de gaité, de plaisir, de vivre ensemble, de joie, de bonheur… des choses simples finalement et par opposition, des choses incompatibles avec l’exercice de la politique, du pouvoir, de la décision d’Etat, et de la gravité du monde… Et en même temps, le rire et l’humour ont un singulier pouvoir de domination sur le monde, disait André Breton.

Andrei Kourkov est un écrivain ukrainien, dont les romans se caractérisent par un regard acéré et ironique sur la vie dans les sociétés post-soviétiques.

On y trouve quantité de situations absconses de la vie quotidienne russe ou ukrainienne qui, dé-formées à l’extrême, deviennent surréalistes.

Cependant, il pose un regard toujours grave et tendre sur ses personnages. Il utilise souvent le registre de la fable animalière qui lui permet de dépeindre avec humour la vie politique et sociale.

Arnaud Viviant est un journaliste, critique littéraire, écrivain et éditeur français. Il a collaboré au journal Libération en tant que critique rock, critique de télévision et critique littéraire. Il intègre par la suite la rédaction des Inrockuptibles avant de collaborer à Regards et Beaux Arts magazine. À la télévision, après avoir été chroniqueur dans Arrêt sur images sur France 5, dans Rive Droite / Rive Gauche sur Paris Première puis dans Starmag, présentée par Éric Naulleau, sur TPS Star, Arnaud Viviant devient éditorialiste sur i-Télé puis Canal+. Il fait partie de l’équipe de chroniqueurs des émissions Ça balance à Paris sur Paris Première et Le Cercle sur Canal+ Cinéma. Il est régulièrement présent au Masque et la Plume l’émission culturelle la plus ancienne du paysage radiophonique français.

5 créations pour 4 soirées exceptionnelles

Un hommage à Pierre Desproges par François Rollin et Redouanne Harjane

« Il y a du Desproges en lui… » alors, qui de mieux, pour parler du maître, qu’un de ses « fils spirituels » : François Rollin. Et pour l’accompagner, il a choisi Redouanne Harjane, humoriste prodige révélé par le Jamel Comedy Club. Ensemble, ils célébreront le talent d’un écrivain qui a su raconter de manière unique sa vision du monde, ayant marqué toutes les générations.

Une carte blanche : Maylis de Kerangal invite Cascadeur

Sa plume est résolument inscrite dans le béton Perret de notre ville. Pour la célébrer, elle invite le musicien et chanteur Cascadeur à effectuer un retour dans les années 70 à travers une mise en lecture musicale de

Dans les rapides, où l’on y retrouve un Havre rock, pluvieux, jeune, rugueux aux ambiances communistes… Maylis de Kerangal et Cascadeur feront renaître les icônes rock de ces années fondatrices : Blondie et Kate Bush ! Un dialogue entre deux personnalités qui s’inspirent pour un regard insolite sur Le Havre.

Des brèves et haïkus de comptoir

Jean-Marie Gourio s’invite le temps de l’apéritif au bar du Magic Mirrors pour nous abreuver de brèves et d’haïkus glanés au gré de ses rencontres de bistrots. Au programme, des essais philosophiques épais comme un fil, des visions, des pensées en rond « Je veux bien être anonyme, mais à condition qu’il n’y ait personne », des tribunes de stade et bien d’autres encore. Il sera accompagné pour cette occasion du talentueux touche à tout littéraire, Eric Poindron.

Une grande lecture par Clémentine Célarié et Michel Vuillermoz

Paroles d’acteurs ! Jouer de la comédie est un curieux métier…

Clémentine Célarié et Michel Vuillermoz, sociétaire de la Comédie française, nous embarqueront pour une lecture toute en verbe en convoquant les mots et les maux des plus grands comédiens pour nous dire ce qu’est le métier d’acteur… Une heure en compagnie de Jean Carmet, Arletty, Jean Rochefort, Jean-Pierre Marielle, Sylvie Testud, Bette Davis, Jeanne Moreau et d’autres. Tentant, non ?

Cinq Papous dans la tête, de France Culture Avec Françoise Treussard, Serge Joncour, Gérard Mordilla, Lucas Fournier et Dominique Muller.

De 36 facéties à Queneau, en passant par Vialatte, Alphonse Allais, Edward Lear, les Papous nous invitent à découvrir ou redécouvrir les fondateurs de la littérature qui jouent avec les mots, les lettres, parfois même les chiffres, pour vous embarquer vers un univers complexe et hilarant !