« PEINTURES DES LOINTAINS »

La collection du musée du quai Branly – Jacques Chirac

Du 30 janvier 2018 au 6 janvier 2019

Mezzanine Ouest

Commissaire : Sarah Ligner, responsable de l’unité patrimoniale Mondialisation historique et contemporaine du musée du quai Branly – Jacques Chirac

Lumière sur la collection de peintures conservée au musée du quai Branly – Jacques Chirac. Près de deux cents œuvres inédites révèlent l’évolution du regard porté en Occident sur les peuples, sociétés et territoires plus ou moins lointains.

Des portraits d’Amérindiens de George Catlin aux scènes de vie quotidienne du Caire d’Émile Bernard, en passant par les estampes et dessins de Tahiti signés Henri Matisse ou Paul Gauguin…C’est un voyage aux destinations multiples que propose à travers cette exposition le musée du quai Branly – Jacques Chirac en présentant pour la première fois sa collection de peintures.

Près de 220 toiles et œuvres graphiques – parmi les 500 œuvres du fonds – de la fin du 18e siècle au milieu du 20e siècle racontent la rencontre avec l’Autre et l’Ailleurs, en interrogeant plus particulièrement la notion d’exotisme.

Cette exposition inédite est aussi l’occasion de revenir sur l’historiographie d’une collection composite et largement méconnue, née dans une Europe en pleine expansion coloniale.

La collection de peintures du musée du quai Branly – Jacques Chirac voit en effet le jour avec l’Exposition coloniale internationale de 1931. Elle prend de l’importance au palais de la Porte Dorée, à l’époque du musée des Colonies (1931 – 1935), du musée de la France d’outre-mer (1935 – 1960), et lorsque ce dernier se transforme en musée des arts africains et océaniens (1960 – 2003). Elle n’a cessé de s’enrichir depuis la création de l’établissement public du musée du quai Branly en 1998. Entre onirisme et naturalisme, fantasme et documentaire, romantisme et propagande coloniale, cette collection de peintures est le reflet de l’histoire artistique et politique, mais aussi du discours et de la visée des institutions qui se sont succédé au palais de la Porte Dorée.

Au-delà de l’aspect historiographique, cette collection permet aussi d’explorer la thématique du regard sur l’autre, et en l’occurrence de l’homme européen sur le vaste monde à l’heure des grandes expéditions. Face à l’étranger et à l’inconnu, les artistes occidentaux expriment sensations, émotions et points de vues variés. Nées d’initiatives individuelles ou exécutées sur commande, leurs créations retranscrivent la mutation du regard porté en Occident sur les peuples, sociétés et territoires plus ou moins lointains, sans occulter la part de stéréotypes et de racisme. Face au choix d’un monde qui lui ouvre ses portes, l’art occidental emprunte différentes voies : cédant d’abord à la tentation de l’exotisme – où l’exaltation de la couleur et de la lumière sert les rêves d’un Orient de luxe et de volupté – il figurera par la suite un regard plus réaliste, ethnographique, attentif à l’autre.

Plus de 120 tableaux d’une collection en comptant plus de 500 sont présentés dans l’exposition. L’essentiel de la collection a été conservé et présenté entre 1931 et 2003 au palais de la porte Dorée, à proximité du parc de Vincennes à Paris. Cet édifice a été construit pour l’Exposition coloniale internationale de 1931. Destiné à abriter un musée colonial, son décor peint et sculpté célèbre la France et son empire outre-mer.

En 1931, une exposition de peintures et dessins sur l’influence de l’exotisme dans l’art français y est présentée. Elle constitue les prémisses de la collection de peintures développée au musée des Colonies, devenu en 1935 musée de la France d’outre-mer. Outre les achats et les dons, la collection comprenait de nombreuses œuvres prêtées ou déposées par d’autres musées ou des particuliers. Deux œuvres longtemps exposées au palais de la porte Dorée mais conservées aujourd’hui au musée national du château de Versailles et au musée d’Orsay témoignent dans l’exposition de l’histoire de la collection.

Après la seconde guerre mondiale, les anciennes colonies françaises accèdent à l’indépendance et le musée situé palais de la porte Dorée est dévolu en 1960 aux arts africains et océaniens. La collection de peintures est alors largement remisée en réserves. Mais le passé colonial demeure présent dans le décor sculpté et peint du palais de la Porte dorée, qui abrite aujourd’hui le musée national de l’histoire de l’immigration après le transfert des collections du musée national des arts d’Afrique et d’Océanie au musée du quai Branly – Jacques Chirac en 2006.

http://www.quaibranly.fr